Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/324

Cette page n’a pas encore été corrigée

Pour ton meilleur ami, trois ans de défiance,
Ah ! c’est mal !

Georges.
Ah ! c’est mal ! J’attendais que mon expérience
Fût menée à bon port, — amour-propre d’auteur. —
Et puis j’étais honteux de faire le tuteur,
Et je craignais d’avoir aux yeux mauvaise grâce
De copier Arnolphe, ayant l’âge d’Horace.
Mais je t’aurais tout dit bientôt, et mon aveu,
Tes instances n’ont fait que l’avancer un peu.
Alice ce soir-même a seize ans ; son œil brille,
Son front rêve ; hier enfant, aujourd’hui jeune fille,
La discrète amitié, chaste sœur de l’amour,
Se retire, et l’amant enfin aura son tour.
À l’instant, pour sortir du doute qui me tue,
Je vais porter la flamme au flanc de ma statue !

Sinclair.
Adieu. Laura, Fanny, m’attendent au foyer ;
Laura doit avoir faim, et Fanny s’ennuyer ;
Sur la table déjà le homard se prélasse
Et le vin trop frappé se morfond dans la glace ;
Je m’en vais. — Bonne chance ! Au sortir du festin
Je reviendrai tantôt pour savoir ton destin.