Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/255

Cette page n’a pas encore été corrigée


La coupable, presque novice,
Trébuchée au chemin glissant,
Et toutes celles que le vice
Sur son char emporte en passant.

Sans craindre pour vos pieds la fange,
Vous traversez ces lieux maudits,
Comme en Enfer un bel Archange
Qui descendrait du Paradis.

Vous visitez dortoirs, chapelle,
Et la cellule et l’atelier,
Allant où chacun vous appelle
Et ne voulant rien oublier.

Si, dans la triste infirmerie,
Au chevet où râle la mort,
Vous trouvez une sœur qui prie,
L’innocence près du remord,

Vous ployez les genoux, et l’âme,
Dont l’aile bat pour le départ,
Croit voir resplendir Notre-Dame
À travers son vague regard.

Lorsque se tait la litanie,
Vous vous penchez pour mieux saisir
Sur les lèvres de l’agonie
Le suprême et secret désir.

La jeune mourante, éperdue,
Qui ne parlait plus qu’avec Dieu,
D’une voix à peine entendue
Confie à votre cœur son vœu.