Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/231

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Au centre d’une roue immense
De chemins de fer rayonnants,
Où tout finit et tout commence,
Mecque des peuples bourdonnants !

Civilisation géante,
Oh ! quels miracles tu feras
Dans la cité toujours béante
Avec l’acier de tes cent bras !

Isis, laissant lever ses voiles,
N’aura plus de secrets pour nous ;
La Paix, au front cerclé d’étoiles,
Bercera l’Art sur ses genoux ;

L’Ignorance, aux longues oreilles,
Bouchant ses yeux pour ne pas voir,
Devant ces splendeurs non pareilles
Se verra réduite à savoir ;

Et Toi, dans l’immensité sombre,
Avec un respect filial,
Au milieu des soleils sans nombre
Cherche au ciel l’astre impérial ;

Suis bien le sillon qu’il te marque,
Et vogue, fort du souvenir,
Dans ton berceau devenu barque
Sur l’océan de l’avenir !


16 mars 1856, midi.