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L’on ira chercher vos reliques,
Qu’attend le caveau radieux ;
Dans leurs chants sacrés, les poètes,
Par qui toutes gloires sont faites,
Rendront votre nom éternel !
Pour qui meurt en donnant l’exemple,
Le sépulcre devient un temple
Et le cercueil est un autel !


III

Sur cette tombe, autel de la nouvelle France,
Poète, je me plais à voir en espérance
Déposer un berceau, de tant d’éclat surpris :
Le berceau de l’enfant qui n’est encor qu’un ange,
Sur le sein maternel jouant avec la frange
De l’épée en or fin que lui donna Paris !

Au poète, au tribun, cette union doit plaire,
Du berceau dynastique au tombeau populaire !
Car le peuple à présent fait et sacre les rois !
La Liberté, voilà leur plus sûre patronne ;
Et la plus ferme base à mettre sous un trône,
Ce sont les corps tombés pour défendre les lois !

De ce sang précieux, plus pur que le vieux chrême,
Mélangez une goutte aux flots saints du baptême,
Afin d’oindre à la fois le prince et le chrétien.
Sous l’invocation des tombes triomphales,
Allez, au jour fixé, bénir les eaux lustrales
Qui font un catholique et font un citoyen !