Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/165

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Dont un jaune rayon fait reluire les crânes,
Cauchemars grimaçants, monstrueuses laideurs,
Du sinistre caveau peuplent les profondeurs.
Jamais ce lourd sommeil, plein de rêves étranges,
Qui fait voir aux dormeurs les démons ou les anges ;
Cette attitude morne et cet abattement
Du pécheur sans espoir qui pense au jugement ;
Cet ennui de la mort qui regrette la vie,
Le soleil, le ciel bleu, la lumière ravie,
N’ont été mieux rendus qu’en ce dernier tableau,
Qui fait Valdès Léal rival de Murillo.
Pour que l’allégorie aux yeux n’offre aucun doute,
Perçant dans un éclair les ombres de la voûte,
La main de l’inconnu, la main que Balthazar
Vit écrire à son mur des mots compris trop tard,
Apparaît soutenant des balances égales :
Un des plateaux, chargé de tiares papales,
De couronnes de rois, de sceptres, d’écussons ;
L’autre, de vils rebuts, d’ordure et de tessons.
Tout a le même poids aux balances suprêmes.
Voilà donc votre sens, mystérieux emblèmes !
Et vous nous promettez, pour consolation,
La triste égalité de la corruption !


Séville, 1841.