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et distinctement sans les autres choses dont il est encore douté ;

2° Que le concept clair et distinct, que nous en avons, est rendu obscur et confus si l’on y veut adjoindre quelqu’une des choses dont il est encore douté.

Délivrance de tous doutes. — Pour se rendre certain des choses qu’il avait révoquées en doute et lever tout doute, il continue en dirigeant sa. recherche sur la nature de l’Être le plus parfait et sur son existence. Sitôt en effet qu’il aura vu qu’il existe un Être tout parfait, par la puissance de qui toutes choses sont produites et conservées, et dont la nature répugne à ce qu’il soit trompeur, cette raison de douter provenant de ce qu’il ignorait sa propre cause sera levée. Car il saura que la faculté de discerner le vrai d’avec le faux ne lui a pas été donnée par un Dieu souverainement bon et véridique pour qu’il fût trompé. Et ainsi les vérités mathématiques et toutes les choses paraissant très évidentes ne pourront plus être suspectées. Il fait alors un pas nouveau en avant pour lever les autres causes de doute et se demande : d’où vient que nous errons quelquefois ? Et quand il a trouvé que cela vient de ce que nous usons de notre libre volonté pour donner notre assentiment à ce que nous n’avons perçu que confusément, il est en droit de conclure aussitôt, qu’il pourra, par la suite, se tenir en garde contre l’erreur, pourvu qu’il ne donne son assentiment qu’à ce qu’il aura perçu clairement et distinctement. Or chacun peut obtenir cela facilement de lui-même, parce qu’il a le pouvoir de contraindre sa volonté et de faire ainsi qu’elle soit contenue dans les limites de l’entendement. Mais comme, dans le premier âge, nous avons acquis beaucoup de préjugés dont nous ne nous libérons pas aisé