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D’égorger le ſénat ; et vous le croyez tous !
Malheureux que je ſuis d’être né parmi vous !
Sylla vous mépriſait ; et moi, je vous déteſte :
De nos premiers tyrans vous n’êtes qu’un vil reſte ;
Juges ſans équité, magiſtrats ſans pudeur,
Qui de vous commander voudrait ſe faire honneur ?
Et vous me ſoupçonnez d’aſpirer à l’empire,
Inhumains, acharnés ſur tout ce qui reſpire ;
Qui depuis ſi longtemps tourmentez l’univers !
Je hais trop les tyrans pour vous donner des fers.

C A T O N.

À quoi te ſervirait cette troupe cruelle
Que ton palais impur et vomit et recèle,
Qui le jour et la nuit ſemant partout l’effroi,
Miniſtres odieux de tes fureurs…

C A T I L I N A.

Miniſtres odieux de tes fureurs…Tais-toi.
Il eſt vrai qu’autrefois, plus jeune et plus ſensible
(vous l’avez ignoré ce projet ſi terrible,
Vous l’ignorez encor), je formai le deſſein
De vous plonger à tous un poignard dans le ſein :
L’objet qui vous dérobe à ma juſte colère
Ne parlait point alors en faveur de ſon père ;
Mais un autre penchant plus digne d’un romain
M’arracha tout à coup le glaive de la main :