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Cachaient dans leurs rochers cent fois moins de forfaits :
Mais je ſuis las de voir triompher l’injuſtice ;
Il eſt temps que mon bras s’arme pour leur ſupplice,
Que j’immole à nos lois ce ſénat orgueilleux,
Pour rendre l’univers et les romains heureux.
Voilà, mon cher Sunnon, le ſeul but où j’aſpire,
Non au funeſte honneur de conquérir l’empire ;
Et comme j’ai toujours eſtimé les gaulois,
Je mourrai, s’il le faut, pour défendre leurs droits.
Mais ne préſumez pas que de votre courage
Dans ces murs malheureux je veuille faire uſage ;
Les conjurés et moi, quel que ſoit le danger,
Nous n’avons pas beſoin d’un ſecours étranger ;
Au contraire, je veux que, fuyant de la ville,
Au camp de Manlius vous cherchiez un aſile :
Mais, avant que la nuit vous éloigne de nous,
Je vais vous expliquer ce que j’attends de vous.
Tout ſemble me livrer une ville alarmée ;
Mais loin de ſes remparts Rome a plus d’une armée.
Que le ſénat ici tombe ſous mes efforts ;
Ce n’eſt point accabler ce redoutable corps,
Qui renaît de lui-même, et qui ſe multiplie
Dans l’univers entier comme dans l’Italie ;
Que je vaincrai ſouvent ſans le rendre ſoumis,
Et qui me cherchera toujours des ennemis.
Je veux, ſi les deſtins me ſont peu favorables,