Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/387

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pendant si vous allez de ce pas vous n’irez ni loin, ni vite. Comment, en effet, trouverez-vous toujours des vérités dont vous soyez aussi certain que de votre existence ?

Eudoxe. Cela n’est pas si difficile que vous le pensez ; car toutes les vérités se suivent l’une l’autre, et sont unies par un lien commun ; tout le secret consiste seulement à commencer par les premières et les plus simples, et à s’élever peu à peu, et comme par degrés, aux plus éloignées et aux plus composées. Maintenant, qui doutera que ce que j’ai posé comme principe ne soit la première des choses que nous puissions connoitre avec quelque méthode ? Il est constant que nous ne pouvons en douter, quand même nous douterions de toutes les autres choses qui sont dans le monde. Comme donc nous sommes certains d’avoir bien commencé, pour ne pas nous tromper dans la suite, il faut donner tous nos soins, et c’est en effet ce que nous faisons, à n’admettre comme vrai que ce qui n’est pas sujet au moindre doute. Dans ce dessein, selon moi, il faut que nous laissions parler Polyandre ; comme il ne suit en effet d’autre marche que le sens commun, et que sa raison n’est corrompue par aucun préjugé, il est difficile qu’il soit trompé, ou au moins il s’en apercevroit facilement, et reviendrait sans peine dans le droit chemin. Ecoutons-le donc parler, et développer les