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prendre son jugement à l’admiration d’une chose inconnue.

Eudoxe. Je tâcherai de vous satisfaire l’un et l’autre ; et, pour nous servir d’un ordre que nous pussions garder jusqu’à la fin, je désire d’abord, Polyandre, que nous parlions de toutes les choses que renferme le monde, en les considérant en elles-mêmes ; et à condition qu’Épistémon interrompra notre discours le moins possible, parce que ses objections nous forceroient souvent d’abandonner notre sujet. Ensuite nous considérerons de nouveau toutes ces choses, mais sous une autre face, en tant qu’elles sont en rapport avec nous, et qu’elles peuvent être appelées vraies ou fausses, bonnes ou mauvaises. C’est là qu’Épistémon trouvera l’occasion d’exposer toutes les difficultés qui lui resteront des discours précédents.

Polyandre. Dites-nous donc quel ordre vous suivrez en expliquant chaque chose.

Eudoxe. Il faudra commencer par l’âme de l’homme, parce que toutes nos connoissances dépendent d’elle ; et, après avoir considéré sa nature et ses effets, nous arriverons à son auteur. Quand nous connoîtrons quel il est et comment il a crée toutes les choses qui sont dans le monde, nous noterons ce qu’il y a de plus certain sur les autres créatures ; nous examinerons comment nos sens perçoivent les choses, et comment nos connois-