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nions si éloignées de la croyance vulgaire, sans pouvoir en même temps en montrer quelques effets ; c’est pourquoi je vous prie tous deux de vouloir bien passer ici cette belle saison, pour que je vous puisse montrer une partie des choses que je sais. J’ose me flatter que non seulement vous reconnoitrez que j’ai des raisons pour être content, mais qu’en outre vous serez vous-mêmes très contents de ce que vous aurez appris.

Épistemon. Je ne veux pas refuser une faveur que je souhaitois si ardemment.

Polyandre. Et moi j’aurai grand plaisir à assister à cet entretien, quoique je n’aie pas la conviction que je puisse en retirer aucun fruit.

Eudoxe. Bien au contraire, Polyandre, croyez qu’il ne sera pas pour vous sans utilité, parce que votre esprit n’est préoccupé d’aucun préjugé, et qu’il me sera plus facile d’amener au bon parti un esprit neutre qu’Épistemon, que nous trouverons souvent dans le parti contraire. Mais, pour vous faire comprendre plus facilement de quelle nature est la science dont je vais vous entretenir, permettez-moi, je vous prie, de noter une différence qui se trouve entre les sciences et les simples connoissances qui s’acquièrent sans le secours du raisonnement, telles que les langues, l’histoire, la géographie, et en général tout ce qui ne dépend que de l’expérience. Je veux bien accorder que la