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avouons que c’est quelque chose d’un et de sim­ple ; en effet, on ne peut pas dire qu’il soit com­posé parcequ’il a la corporalité, l’étendue et la fi­gure, car ces éléments n’ont jamais existé indé­pendants l’un de l’autre. Mais, par rapport à notre intelligence, c’est un composé de ces trois éléments, parceque chacun d’eux se présente sé­parément à notre esprit, avant que nous ayons le temps de reconnoître qu’ils se trouvent tous trois réunis dans un seul et même sujet. Ainsi, ne traitant ici des choses que dans leur rapport avec notre intelligence, nous appellerons sim­ples celles-là seulement dont la notion est si claire et si distincte que l’esprit ne puisse la divi­ser en d’autres notions plus simples encore ; telles sont la figure, l’étendue, le mouvement, etc. Nous concevons toutes les autres comme étant, en quel­que sorte, composées de celles-ci ; ce qu’il faut en­tendre de la manière la plus générale, sans excep­ter même les choses qu’il nous est possible d’abs­traire de ces notions simples, comme quand on dit que la figure est la limite de l’étendue, enten­dant ainsi par limite quelque chose de plus général que la figure, parcequ’on peut dire la limite de la durée, du mouvement, etc. Dans ce cas, bien que la notion de limite soit abstraite de celle de figure, elle n’en doit pas pour cela paraître plus simple que celle-ci. Au contraire, comme on l’at-