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guliers. Or c’est à en observer rigoureusement l’enchaînement que consiste presque toute la sagacité humaine. Aussi avons-nous averti qu’il faut examiner ces choses avec méthode ; or la méthode, dans ces arts subalternes, n’est autre que la con­stante observation de l’ordre qui se trouve dans la chose même, ou qu’y a mis une heureuse invention. De même, quand nous voulons lire des caractères inconnus au milieu desquels nous ne découvrons aucun ordre, nous en imaginons d’abord un, soit pour vérifier les conjectures qui se présentent à nous sur chaque signe, chaque mot ou chaque phrase, soit pour les disposer de manière que nous puissions connoître par énumération ce qu’on en peut déduire. Il faut surtout prendre garde de per­dre notre temps à deviner de pareilles choses par hasard ou sans méthode. En effet, quoiqu’il fût sou­vent possible de les découvrir sans le secours de l’art, et même avec du bonheur plus vite que par la méthode, elles émousseroient l’esprit, et l’accoutumeroient tellement aux choses vaines et puériles, qu’il courroit risque de s’arrêter à la superficie sans jamais pénétrer plus avant. Gardons-nous ce­pendant de tomber dans l’erreur de ceux qui n’occupent leurs pensées que de choses sérieuses et élevées, dont après beaucoup de peines ils n’acquièrent que des notions confuses, tout en en voulant de profondes. Il faut donc commencer