Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/241

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entre elles ; mais pour connoître l’inégal, il faut le comparer à l’égal.

Il faut noter, en second lieu, qu’il y a peu d’élé­ments simples et indispensables que nous puissions voir en eux-mêmes, indépendamment de tous autres, je ne dis pas seulement de prime abord, mais même par des expériences et à l’aide de la lu­mière qui est en nous. Aussi je dis qu’il faut les observer avec soin ; car ce sont là ceux que nous avons appelés les plus simples de chaque série. Tous les autres ne peuvent être perçus qu’en les déduisant de ceux-ci, soit immédiatement et pro­chainement, soit après une ou deux conclu­sions, ou un plus grand nombre, conclusions dont il faut encore noter le nombre, pour reconnoître si elles sont éloignées par plus ou moins de degrés de la première et de la plus simple propo­sition ; tel doit être partout l’enchaînement qui peut produire ces séries de questions, auxquelles il faut réduire toute recherche pour pouvoir l’exa­miner avec méthode. Mais, parcequ’il n’est pas aisé de les rappeler toutes et qu’il faut moins les retenir de mémoire que savoir les reconnoître par une certaine pénétration de l’esprit, il faut for­mer les intelligences à pouvoir les retrouver aussi­tôt qu’elles en auront besoin. Or, pour y parve­nir, j’ai éprouvé que le meilleur moyen étoit de nous accoutumer à réfléchir avec attention