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70 LA DIOPTRIQUE.

autres. Comme si les bouts de ces petits filets sont 1, 2, 3[1], et que les rayons qui viennent, par exemple, tracer l’image d’une étoile sur le fond de l’œil s’y étendent sur celui qui est marqué 1 et tant soit peu au-delà tout autour sur les extrémités des six autres marqués 2, sur lesquels je suppose qu’il ne vient point d’autres rayons, que fort foibles, des parties du ciel voisines à cette étoile, son image s’étendra en tout l’espace qu’occupent ces six marqués 2, et même peut-être encore en tout celui qu’occupent les douze marqués 3, si la force du mouvement est si grande qu’elle se communique aussi à eux.

Figure 26.

Et ainsi, vous voyez que les étoiles, quoiqu’elles paroissent assez petites, paroissent néanmoins beaucoup plus grandes qu’elles ne devroient à raison de leur extrême distance ; et qu’encore qu’elles ne soient pas entièrement rondes, elles ne lairroient pas de paroître telles. Comme aussi une tour carrée, étant vue de loin, paroît ronde ; et tous les corps qui ne tracent que de fort petites images dans l’œil n’y peuvent tracer les figures de leurs angles. Enfin, pour ce qui est de juger de la distance par la grandeur, ou la figure, ou la couleur, ou la lumière, les tableaux de perspective nous montrent assez combien il est facile de s’y tromper ; car souvent, parce que les choses qui y sont peintes sont

  1. Figure 26