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46 LA DIOPTRIQUE.

seul rayon de chaque point de l’objet vers chaque point du corps RST, il n’auroit pas assez de force pour se réfléchir de là dans la chambre P vers vos yeux. Et la prunelle étant un peu grande, s’il ne se faisoit dans l’œil aucune réfraction, les rayons qui viendroient de chaque point des objets s’épandroient çà et là en tout l’espace RST, en sorte que, par exemple, les trois points VXY enverroient trois rayons vers R, qui, se réfléchissant de là tous ensemble vers vos yeux, vous feroient paraître ce point R d’une couleur moyenne entre le rouge, le jaune et le bleu, et tout semblable aux points S et T, vers lesquels les mêmes points VXY enverroient aussi chacun un de leurs rayons. Et il arriveroit aussi quasi le même, si la réfraction qui se fait en l’œil étoit plus ou moins grande qu’elle ne doit, à raison de la grandeur de cet œil ; car, étant trop grande, les rayons qui viendroient par exemple du point X s’assembleroient avant que d’être parvenus jusqu’à S comme vers M ; et, au contraire, étant trop petite, ils ne s’assembleroient qu’au-delà, comme vers P, si bien qu’ils toucheroient le corps blanc RST en plusieurs points, vers lesquels il viendroit aussi d’autres rayons des autres parties de l’objet. Enfin, si les corps EN, EF n’étoient noirs, c’est-à-dire disposés à faire que la lumière qui donne de contre s’y amortisse, les rayons qui viendroient vers eux du corps blanc