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accords que les autres, c’est parcequ’ils sont très parfaits, et qu’ainsi l’oreille est entièrement satisfaite et remplie lorsque l’un d’eux a été entendu ; et si tout aussitôt quelque autre accord n’en renouvelle l’attention, elle se trouve si occupée de la perfection du précédent, qu’elle s’attache peu à considérer la diversité et pour ainsi dire la symphonie froide et peu touchante de cette musique, ce qui n’arrive pas dans les tierces et autres accords : au contraire, lorsqu’on les réitère, l’attention se fortifie, et le goût s’augmente, qui nous tient en suspens, attendant un accord plus parfait.

En troisième lieu, il faut autant qu’il est possible que les parties procèdent par des mouvements contraires, pour diversifier davantage la pièce, car par ce moyen le mouvement de chaque voix est toujours différent de celui de son opposée et les accords sont différents de ceux qui leur sont voisins ; de plus il faut aussi que chaque voix se meuve plus souvent par degrés que par sauts ou grands intervalles.

En quatrième lieu, lorsqu’on veut passer d’une consonnance moins parfaite à une autre plus parfaite, prenons toujours la plus proche plutôt que celle qui est plus éloignée ; comme, par exemple, de la sexte majeure il faut passer à l’octave, de la sexte mineure à la quinte, etc. ; ce qu’il faut entendre aussi de l’unisson et des accords très parfaits.