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42 LA DIOPTRIQUE.

Mais vous en pourrez être encore plus certain, si prenant l’œil d’un homme fraîchement mort, ou au défaut celui d’un bœuf ou de quelque autre gros animal, vous coupez dextrement vers le fond les trois peaux qui l’enveloppent, en sorte qu’une grande partie de l’humeur M[1] qui y est demeure découverte, sans qu’il y ait en rien d’elle pour cela qui se répande ; puis l’ayant recouverte de quelque corps blanc qui soit si délié que le jour passe au travers, comme, par exemple, d’un morceau de papier ou de la coquille d’un œuf RST, que vous mettiez cet œil dans le trou d’une fenêtre fait exprès, comme Z, en sorte qu’il ait le devant BCD tourné vers quelque lieu où il y ait divers objets, comme VXY, éclairés par le soleil, et le derrière où est le corps blanc RST, vers le dedans de la chambre P où vous serez, et en laquelle il ne doit entrer aucune lumière que celle qui pourra pénétrer au travers de cet œil, dont vous savez que toutes les parties depuis C jusques à S sont transparentes.

Figure 14.


Car cela fait, si vous regardez sur ce corps blanc RST, vous y verrez, non peut-être sans admiration et plaisir, une peinture qui représentera fort naïvement en perspective tous les objets qui seront au dehors vers VXY, au moins si vous faites en sorte que cet œil retienne sa figure naturelle, proportionnée à la distance de ces ob-

  1. Figure 14.