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les parties AB et BC qui, étant incommensurables, ne peuvent à mon avis être parfaitement connues en même temps par le sens, mais seulement par rapport à la proportion arithmétique, en sorte qu’il connoisse par exemple deux parties en AB, dont il y en a trois en BC.

En septième lieu, entre les objets de chaque sens, celui-là n’est pas le plus agréable à l’âme qui en est ou très aisément ou très difficilement aperçu, mais celui qui n’est pas tellement facile à connoître qu’il ne laisse quelque chose à souhaiter à la passion avec laquelle les sens ont accoutumé de se porter vers leurs objets, ni aussi tellement difficile qu’il fasse souffrir les sens en travaillant à le connoître.

Enfin, il faut remarquer que la variété est très agréable en toutes choses, ce qui étant posé, parlons de la première propriété du son, savoir :

DU NOMBRE ET DU TEMPS QU’ON DOIT OBSERVER DANS LES SONS.

Le temps dans les sons doit être composé ou de parties égales, parce que ce sont elles qui, comme nous avons remarqué au quatrième lieu, sont les plus aisées à connoître ; ou de parties qui soient en proportion double ou triple sans aller au-delà, d’autant qu’elles sont les plus propres pour être entendues distinctement, comme nous avons dit en la cinquième et sixième remarque.