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DE LA MÉCANIQUE.

après cela que A, l’un des bouts de cette corde, étant attaché ferme à quelque clou, l’autre C soit derechef soutenu par un homme ; et il est évident que cet homme en C n’aura besoin, non plus que devant, pour soutenir le poids E, que de la force qu’il faut pour soutenir cent livres, à cause que le clou qui est vers A y fait le même office que l’homme que nous y supposions auparavant. Enfin, posons que cet homme qui est vers C tire la corde pour faire hausser le poids E ; et il est évident que, s’il y emploie la force qu’il faut pour lever cent livres à la hauteur de deux pieds, il fera hausser le poids E, qui en pèse deux cents, de la hauteur d’un pied ; car la corde ABC étant doublée comme elle est, on la doit tirer de deux pieds par le bout C pour faire autant hausser le poids E que si deux hommes la tiroient l’un par le bout A et l’autre par le bout C, chacun de la longueur d’un pied seulement.

Il y a toutefois une chose qui empêche que ce calcul ne soit exact, à savoir la pesanteur de la poulie et la difficulté qu’on peut avoir à faire couler la corde et à la porter, mais cela est fort peu à comparaison de ce qu’on lève et ne peut être estimé qu’à peu près.

Au reste, il faut remarquer que ce n’est point la poulie qui cause cette force, mais seulement le mouvement de la corde qui est double de celui du