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dessus ou au-dessous ; dont, sans doute, la raison est que la largeur de la glace, marquée entre les points 7 et 8[1], n’a d’ordinaire aucune proportion avec la grandeur du circuit de toute la nue : en sorte que l’œil doit être fort proche du point E lorsque cette largeur lui paroît assez grande pour y distinguer trois soleils l’un sur l’autre ; et au contraire fort éloigné, afin que les rayons qui se courbent vers D et vers F, où se diminue le plus de l’épaisseur de la glace, puissent parvenir jusques à lui.

Et il arrive rarement que la nue soit si entière qu’on en voie plus de trois en même temps. Toutefois on dit qu’en l’an 1625 le roi de Pologne en vit jusqu’à six. Et il n’y a que trois ans que le mathématicien de Tubinge observa les quatre désignés ici par les lettres D, E, F, H ; même il remarque particulièrement, en ce qu’il en a écrit, que les deux D et F étoient rouges vers celui du milieu E, qu’il nomme le vrai soleil, et bleus de l’autre côté, et que le quatrième H étoit fort pâle, et ne paroissoit que fort peu ; ce qui confirme fort ce que j’ai dit. Mais l’observation la plus belle et la plus remarquable que j’aie vue en cette matière est celle des cinq soleils qui parurent à Rome en l’an 1629, le 20 de mars, sur les deux ou trois heures après midi ; et afin que vous puissiez voir si elle s’accorde avec mon discours, je la veux mettre ici

  1. Figure 28.