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dans lesquels la réfraction étant notablement plus grande que dans l’eau, l’arc-en-ciel extérieur aura dû y être beaucoup plus grand, et ainsi paroître au-dessus de l’autre. Et pour l’intérieur, qui, par même raison, aura dû être plus petit que l’intérieur de la pluie, il se peut faire qu’il n’aura point été remarqué, à cause du grand lustre de celui-ci, ou bien que leurs extrémités s’étant jointes, on ne les aura comptés tous deux que pour un, mais pour un dont les couleurs auront été autrement disposées qu’à l’ordinaire.

Et ceci me fait souvenir d’une invention pour faire paroître des signes dans le ciel, qui pourroient causer grande admiration à ceux qui en ignoreroient les raisons. Je suppose que vous savez déjà la façon de faire voir l’arc-en-ciel par le moyen d’une fontaine. Comme si l’eau qui sort par les petits trous ABC[1], sautant assez haut, s’épand en l’air de tous côtés vers R, et que le soleil soit vers Z, en sorte que ZEM, étant ligne droite, l’angle MER puisse être d’environ 42 degrés, l’œil E ne manquera pas de voir l’iris vers R tout semblable à celui qui paroît dans le ciel. À quoi il faut maintenant ajouter qu’il y a des huiles, des eaux-de-vie et d’autres liqueurs dans lesquelles la réfraction se fait notablement plus grande ou plus petite qu’en l’eau commune, et qui ne sont pas pour cela moins claires

  1. Figure 24.