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au travers du cristal MNP, fait que si, ayant l’œil en la place du linge blanc FGH, on regarde ce cristal, on y verra le rouge vers sa partie plus épaisse MP, et le bleu vers N, pourceque le rayon teint de rouge qui va vers F vient de C, la partie du soleil la plus avancée vers MP ; et cette même cause fait aussi que le centre des gouttes d’eau, et par conséquent leur plus épaisse partie, étant en dehors au respect des points colorés qui forment l’arc-en-ciel intérieur, le rouge y doit paroître en dehors, et qu’étant en dedans au respect de ceux qui forment l’extérieur, le rouge y doit aussi paroître en dedans.

Ainsi je crois qu’il ne reste plus aucune difficulté en cette matière, si ce n’est peut-être touchant les irrégularités qui s’y rencontrent, comme lorsque l’arc n’est pas exactement rond, ou que son centre n’est pas en la ligne droite qui passe par l’œil et le soleil, ce qui peut arriver si les vents changent la figure des gouttes de pluie ; car elles ne sauroient perdre si peu de leur rondeur que cela ne fasse une notable différence en l’angle sous lequel les couleurs doivent paroître. On a vu aussi quelquefois, à ce qu’on m’a dit, un arc-en-ciel tellement renversé que ses cornes étoient tournées vers en haut, comme est ici représenté FF[1] ; ce que je ne saurois juger être arrivé que par la réflexion

  1. Figure 23.