Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

paroître ; car l’expérience ordinaire témoigne que la lumière ou le blanc, et l’ombre ou le le noir, avec les couleurs de l’iris qui ont été ici expliquées, suffisent pour composer toutes les autres. Et je ne saurois goûter la distinction des philosophes, quand ils disent qu’il y en a qui sont vraies, et d’autres qui ne sont que fausses ou apparentes ; car toute leur vraie nature n’étant que de paroître, c’est, ce me semble, une contradiction de dire qu’elles sont fausses et qu’elles paroissent. Mais j’avoue bien que l’ombre et la réfraction ne sont_ pas toujours nécessaires pour les produire, et qu’en leur place la grosseur, la figure, la situation, et le mouvement des parties des corps qu’on nomme colorés, peuvent concourir diversement avec la lumière ` pour augmenter ou diminuer le tournoiement des parties de la matière subtile. En sorte que même en l’arc-en-ciel j’ai douté d’abord si les couleurs s’y produisoient tout-à-fait en même façon que dans le cristal MNP ; car je n’y remarquois point l’ombre qui terminât la lumière, et ne connoissois point encore pourquoi elles n’y paroissoient que sous certains angles, jusques à ce qu’ayant pris la plume et calculé par le menu tous les rayons qui tombent sur les divers points d’une goutte d’eau, pour savoir sous quels angles, après deux réfractions et une ou deux réflexions, ils peuvent venir vers