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DISCOURS HUITIÈME.

DE L’ARC-EN-CIEL.


L’arc-en-ciel est une merveille de la nature si remarquable, et sa cause a été de tout temps si curieusement recherchée par les bons esprits, et si peu connue, que je ne saurois choisir de matière plus propre à faire voir comment, par la méthode dont je me sers, on peut venir à des connaissances que ceux dont nous avons les écrits n’ont point eues. Premièrement, ayant considéré que cet arc ne peut pas seulement paroître dans le ciel, mais aussi en l’air proche de nous, toutes fois et quantes qu’il s’y trouve plusieurs gouttes d’eau éclairées par le soleil, ainsi que l’expérience fait voir en quelques fontaines, il m’a été aisé de juger qu’il ne procède que de la façon que les rayons de la lumière agissent contre ces gouttes, et de là tendent vers nos yeux ; puis, sachant que ces gouttes sont rondes, ainsi qu’il a été prouvé ci-dessus, et voyant que pour être plus grosses ou plus petites elles ne font point paroître cet arc d’autre façon, je me suis