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prochée d"un autre flambeau elle s’allume. Mais je m’étonne fort qu’après cela ils aient pu s’imaginer que les comètes et les colonnes ou chevrons de feu qu’on voit quelquefois dans le ciel fussent composées d’exhalaisons, car elles durent incomparablement plus long-temps.

Et pourceque j’ai tâché d’expliquer curieusement leur production et leur nature dans un autre traité, et que je ne crois point qu’elles appartiennent aux météores non plus que les tremblements de terre et les minéraux que plusieurs écrivains y entassent, je ne parlerai plus ici que de certaines lumières qui, paroissant la nuit pendant un temps calme et serein, donnent sujet aux peuples oisifs d’imaginer des escadrons de fantômes qui combattent en l’air et auxquels ils font présager la perte ou la victoire du parti qu’ils affectionnent, selon que la crainte ou l’espérance prédomine en leur fantaisie. Même à cause que je n’ai jamais vu de tels spectacles, et que je sais combien les relations qu’on en fait ont coutume d’être falsifiées et augmentées par la superstition et l’ignorance, je me contenterai de toucher en peu de mots toutes les causes qui me semblent capables de les produire. La première est qu’il y ait en l’air plusieurs nues assez petites pour être prises pour autant de soldats, et qui, tombant l’une sur l’autre, enveloppent assez d’exhalaisons pour causer quantité de petits éclairs et