Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/240

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aussi ému quelques vapeurs que ce même vent avoit chassées contre ces grains, où elles s’étoient gelées en forme de petits poils fort déliés, et avoient même peut-être aidé à les soutenir ; en sorte qu’ils avoient pu facilement demeurer là suspendus, jusques à ce qu’il fût derechef survenu quelque chaleur, et que cette chaleur fondant d’abord tous les poils qui étoient autour de chaque grain, excepté ceux qui s’étoient trouvés vis-à-vis du milieu de quelqu’un des six autres grains qui l’environnoient, à cause que leur froideur avoit empêché son action, la matière de ces poils fondus s’étoit mêlée aussitôt parmi les six tas de ceux qui étoient demeurés, et les ayant par ce moyen fortifiés et rendus d’autant moins pénétrables à la chaleur, elle s’étoit gelée parmi eux, et ils avoient ainsi composé ces six dents. Au lieu que les poils sans nombre que j’avois vu autour de quelques uns des derniers grains qui étoient tombés, n’avoient point du tout été atteints par cette chaleur. Le lendemain matin sur les huit heures j’observai·encore une autre sorte de grêle, ou plutôt de neige, dont je n’avois jamais ouï parler : c’étoient de petites lames de glace, toutes plates, fort polies, fort transparentes, environ de l’épaisseur d’une feuille d’assez gros papier, et de la grandeur qu’elles se voient vers K, mais si parfaitement taillées en hexagones, et dont les six côtés étoient si droits, et les six angles si égaux,