Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/238

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composée a la figure d’une petite rose ou étoile fort bien taillée.

Mais, afin que vous ne pensiez pas que je n’en parle que par opinion, je vous veux faire ici le rapport d’une observation que j’en ai faite l’hiver passé, 1635. Le quatrième de février, l’air ayant été auparavant extrêmement froid, il tomba le soir à Amsterdam, où j’étois pour lors, un peu de verglas, c’est-à-dire de pluie qui se geloit en arrivant contre la terre, et après il suivit une grêle fort menue, dont je jugeai que les grains, qui n’étoient qu’à peu près de la grosseur qu’ils sont représentés vers H, étoient des gouttes de la même pluie qui s’étoient gelées au haut de l’air. Toutefois, au lieu d’être exactement ronds, comme sans doute ces gouttes avoient été, ils avoient un côté notablement plus plat que l’autre, en sorte qu’ils ressembloient presque en figure à la partie de notre œil qu’on nomme l’humeur cristalline ; d’où je connus que le vent, qui étoit lors très grand et très froid, avoit eu la force de changer ainsi la figure des gouttes en les gelant. Mais ce qui m’étonna le plus de tout, fut qu’entre ceux de ces grains qui tombèrent les derniers, j’en remarquai quelques uns qui avoient autour de soi six petites dents semblables à celles des roues des horloges, ainsi que vous voyez vers I ; et ces dents étant fort blanches comme du sucre, au lieu que les grains qui étoient de glace