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tit en grêle est plus âpre et vient plus à coup. Et j’ai observé plus d’une fois de telle grêle dont les grains avoient à peu près la figure des segments d’une boule divisée en huit parties égales par trois sections qui s’entre-coupent au centre à angles droits. Puis j’en ai aussi observé d’autres qui, étant plus longs et plus petits, sembloient être environ le quart de ceux-là, bien que leurs querres s’étant émoussées et arrondies en se resserrant, ils eussent quasi la figure d’un pain de sucre. Et j’ai observé aussi que, devant ou après ou même parmi ces grains de grêle, il en tomboit communément quelques autres qui étoient ronds.

Mais les diverses figures de cette grêle n’ont encore rien de curieux ni de remarquable à comparaison de celles de la neige qui se fait de ces petits nœuds ou pelotons de glace arrangés par le vent en forme de feuilles, en le façon que j’ai tantôt décrite ; car lorsque la chaleur commence à fondre les petits poils de ces feuilles, elle abat premièrement ceux du dessus et du dessous à cause que ce sont les plus exposés à son action, et fait que le peu de liqueur qui en sort se répand sur leurs superficies, où il remplit aussitôt les petites inégalités qui s’y trouvent, et ainsi les rend aussi plates et polies que sont celles des corps liquides ; nonobstant qu’il s’y regèle tout aussitôt, à cause que si la chaleur n’est point plus grande qu’il est besoin pour faire