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tiles : et celles—ci ne se trouvent guère dans les nues dont il s’engendre ; car, comme vous verrez tantôt, elles participent bien plus de la nature de la glace que de celle de l’eau ; et il est froid, à cause qu’il amène avec soi vers le midi la matière très subtile qui étoit vers le nord, de laquelle dépend principalement la froideur. On observe tout au contraire que les vents du midi soufflent plus ordinairement pendant la nuit, et viennent du bas en haut, et sont lents et humides : dont la raison se peut voir aussi en regardant derechef la terre EBFD, et considérant que sa partie D qui est sous l’équateur, et où je suppose qu’il est_maintenant nuit, retient encore assez de la chaleur que le soleil lui a communiquée pendant le jour pour faire sortir de soi plusieurs vapeurs, mais que l’air qui est au-dessus vers P n’en retient pas tant à proportion ; car généralement les corps grossiers et pesants retiennent toujours plus longtemps leur chaleur que ceux qui sont légers et subtils, et ceux qui sont durs la retiennent aussi plus long-temps que ceux qui sont liquides ; ce qui est cause que les vapeurs qui se trouvent vers P, au lieu de poursuivre leur cours vers Q et vers R, s’arrêtent et s’épaississent en forme de nues, qui empêchant que celles qui sortent de la terre D ne montent plus haut, les contraignent de prendre leur cours de part et d’autre vers N et vers 0, et ainsi d’y faire un vent de midi qui souffle princi-