Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/197

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lui peuvent donner, et cette odeur de violette très agréable qu’a le sel blanc quand il est fraîchement fait, et cette couleur sale qu’a le noir, et toutes les autres variétés qu’on peut remarquer dans les sels, et qui dépendent des diverses eaux dont ils se forment. Enfin vous ne vous étonnerez pas de ce que le sel est si friable et si aisé à rompre comme il est, en pensant à la façon dont se joignent ses parties ; ni de ce qu’il est toujours blanc ou transparent étant pur, en pensant à leur grosseur et à la nature de la couleur blanche qui sera ci·après expliquée ; ni de ce qu’il se fond assez facilement sur le feu quand il est entier, en considérant qu’il y a plusieurs parties d’eau douce enfermées entre les siennes ; ni de ce qu’il se fond beaucoup plus difficilement étant bien pulvérisé et bien séché, en sorte qu’il n’y reste plus rien de l’eau douce, en remarquant qu’il ne se peut fondre étant ainsi seul, si ses parties ne se plient, et qu’elles ne peuvent que difficilement se plier. Car, encore qu’on puisse feindre qu’autrefois celles de la mer ont été toutes, par degrés, les unes plus pliantes, les autres moins, on doit penser que toutes celles qui ont pu s’entortiller autour de quelques autres se sont amollies depuis peu à peu, et rendues fort flexibles ; au lieu que celles qui ne sont point ainsi entortillées sont demeurées entièrement roides; en sorte qu’il y a maintenant en cela grande différence entre