Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/194

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pre. Et lorsqu’elle est parvenue à certaine grandeur, elle se trouve si fort abaissée que les parties du sel qui viennent de nouveau vers elle, au lieu de s’arrêter contre ses bords, passent par-dessus, et y roulent en même sens et en même façon que les précédentes rouloient sur l’eau, ce qui fait qu’elles y forment derechef une table carrée qui s’abaisse en même façon peu à peu ; puis les parties du sel qui viennent vers elle peuvent encore passer par-dessus, et y former une troisième table, et ainsi de suite. Mais il est à remarquer que les parties du sel qui forment la deuxième de ces tables ne roulent pas si aisément sur la première que celles qui ont formé cette première rouloient sur l’eau ; car elles n’y trouvent pas une superficie du tout si unie, ni qui les laisse couler si librement ; d’où vient que souvent elles ne roulent point jusqu’au milieu, qui, par ce moyen, demeurant vide, cette seconde table ne s’abaisse pas sitôt à proportion qu’avoit fait la première, mais devient un peu plus grande avant que la troisième commence à se former ; et derechef, le milieu de celle-ci demeurant vide, elle devient un peu plus grande que la seconde, et ainsi de suite, jusqu’à ce que le grain entier, qui se compose d’un grand nombre de telles petites tables posées l’une sur l’autre, soit achevé, c’est-à-dire jusques à ce que, touchant aux bords des autres grains voisins, il ne puisse devenir plus