Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/188

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d’autant qu’il en ressort continuellement autant d’autres, dont quelques unes s’élèvent en l’air changées en vapeurs, puis vont retomber en pluie ou en neige sur la terre ; mais la plupart pénétrant par des conduits souterrains jusques au-dessous des montagnes, d’où la chaleur qui est dans la terre les élevant aussi comme en vapeur vers leurs sommets, elles y vont remplir les sources des fontaines et des rivières. Et nous saurons aussi que l’eau de la mer doit être plus salée sous l’équateur que vers les poles, si nous considérons que le soleil y ayant beaucoup de force, en fait sortir beaucoup de vapeurs, lesquelles ne retombent point par après justement aux mêmes endroits d’où elles sont sorties, mais pour l’ordinaire en d’autres plus proches des poles, ainsi que vous entendrez mieux ci-après. Au reste, sinon que je n’ai pas envie de m’arrêter à expliquer particulièrement la nature du feu, j’ajouterois encore ici pourquoi l’eau de la mer est moins propre à éteindre les embrasements que celle des rivières, et pourquoi elle étincelle la nuit étant agitée ; car vous verriez que les parties du sel étant fort aisées à embraser à cause qu’elles sont comme suspendues entre celles de l’eau douce, et ayant beaucoup de force après être ainsi ébranlées, à cause qu’elles sont droites et inflexibles, peuvent non seulement augmenter la flamme lorsqu’on les y jette, mais aussi en causer