Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/186

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force que celle qui étoit autour des parties de cette neige, va prendre sa place à mesure que les parties de la neige se roulent autour de celles du sel en se fondant ; car elle trouve plus de facilité à se mouvoir dans les pores de l’eau salée qu’en ceux de l’eau douce, et elle tend incessamment à passer d’un corps en l’autre pour entrer en ceux où son mouvement est le moins empêché ; au moyen de quoi la matière plus subtile, qui étoit dans la neige, entre dans l’eau pour succéder à celle qui en sort ; et pourcequ’elle n’a point assez de force pour y entretenir l’agitation de cette eau, cela est cause qu’elle se gèle. Mais l’une des principales qualités des parties du sel est qu’elles sont grandement fixes, c’est-à-dire qu’elles ne peuvent être élevées en vapeur ainsi que celles de l’eau douce. Dont la cause est non seulement qu’étant plus grosses elles sont plus pesantes, mais aussi qu’étant longues et droites, elles en peuvent être guère long-temps suspendues en l’air, soit qu’elles soient en action pour monter plus haut, soit pour en descendre, que l’un de leurs bouts ne se présente vers en bas, et ainsi qu’elles ne se tiennent en ligne perpendiculaire vers la terre : car, tant pour monter que descendre, il leur est bien plus aisé à diviser l’air étant en cette situation, qu’en aucune autre. Ce qui n’arrive point en même façon aux parties de l’eau douce, à cause qu’étant faciles à se plier, elles ne