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disposée : ce que ceux qui jouent à la paume éprouvent assez lorsque leur balle rencontre de faux carreaux, ou bien qu’ils la touchent en biaisant de leur raquette, ce qu’ils nomment, ce me semble, couper ou friser.


Enfin, considérez que, si une balle qui se meut rencontre obliquement la superficie d’un corps liquide par lequel elle puisse passer plus ou moins facilement que par celui d’où elle sort, elle se détourne et change son cours en y entrant : comme par exemple si, étant en l’air au point A[1], on la pousse vers B, elle va bien en ligne droite depuis A jusques à B, si ce n’est que sa pesanteur ou quelque autre cause particulière l’en empêche ; mais, étant au point B, où je suppose qu’elle rencontre la superficie de l’eau CBE, elle se détourne et prend son cours vers I, allant derechef en ligne droite depuis B jusqu’à I, ainsi qu’il est aisé à vérifier par l’expérience. Or il faut penser en même façon qu’il y a des corps qui, étant rencontrés par les rayons de la lumière, les amortissent et leur ôtent toute leur force, à savoir ceux qu’on nomme noirs, lesquels n’ont point d’autre couleur que les ténèbres ; et qu’il y en a d’autres qui les font réfléchir les uns au même ordre qu’ils les reçoivent, à savoir ceux qui, ayant leur superficie toute polie, peuvent servir de miroirs, tant plats que courbés, et les autres confusément vers

  1. Figure 6.