Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/172

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pesants que les petites parties dont nous parlons, ils ne laissent pas pour cela de prendre leur cours vers le ciel, et même on voit qu’ils y montent beaucoup plus haut lorsqu’une grande plaine est couverte de gens qui se remuent que lorsqu’elle n’est foulée que par un seul homme ; ce qui doit empêcher qu’on ne s’étonne de ce que l’action du soleil élève assez haut les petites parties de la matière dont se composent les vapeurs et les exhalaisons, vu qu’elle s’étend toujours en même temps sur toute une moitié de la terre et qu’elle y demeure les jours entiers. Mais remarquez que ces petites parties qui sont ainsi élevées en l’air par le soleil doivent, pour la plupart, avoir la figure que j’ai attribuée à celles de l’eau, à cause qu’il n’y en a point d’autres qui puissent si aisément être séparées des corps où elles sont. Et ce seront celles-ci seules que je nommerai particulièrement des vapeurs, afin de les distinguer des autres qui ont des figures plus irrégulières et auxquelles je restreindrai le nom d’exhalaisons, à cause que je n’en sache point de plus propre. Toutefois aussi, entre les exhalaisons, je comprendrai celles qui, ayant à peu près même figure que les parties de l’eau, mais étant plus subtiles, composent les esprits ou eaux-de-vie, à cause qu’elles peuvent facilement s’embraser ; et j’en exclurai celles qui, étant divisées en plusieurs branches, sont si subtiles qu’elles ne