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150 LA DIOPTRIQUE

vexes de faire mouvoir le tour plus promptement ; dont la raison est que le mouvement du tour use beaucoup plus les extrémités du verre que le milieu, et qu’au contraire celui de la roue les use moins. Pour l’utilité de ces divers mouvements, elle est fort manifeste ; car, polissant les verres avec la main dans une forme en la façon qui seule a été en usage jusques à présent, il seroit impossible de rien faire de bien que par hasard, encore que les formes fussent toutes parfaites ; et les polissant avec le seul mouvement du tour sur un modèle, tous les petits défauts de ce modèle marqueroient des cercles entiers sur le verre.

Je n’ajoute pas ici les démonstrations de plusieurs choses qui appartiennent à la géométrie, car ceux qui sont un peu versés en cette science les pourront assez entendre d’eux-mêmes, et je me persuade que les autres seront plus aises de m’en croire que d’avoir la peine de les lire. Au reste, afin que tout se fasse par ordre, je voudrois premièrement qu’on s’exerçât à polir des verres, plats d’un côté et convexes de l’autre, qui eussent la figure d’une hyperbole dont les points brûlants fussent à deux ou trois pieds l’un de l’autre : car cette longueur est suffisante pour une lunette qui serve à voir assez parfaitement les objets inaccessibles. Puis je voudrois qu’on fît des verres concaves de diverses figures en les creusant toujours de