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en l’âme même, et desquelles on ne connaît communément aucune cause prochaine à laquelle on les puisse rapporter. Tels sont les sentiments de joie, de colère, et autres semblables, qui sont quelquefois excités en nous par les objets qui meuvent nos nerfs, et quelquefois aussi par d’autres causes. Or, encore que toutes nos perceptions, tant celles qu’on rapporte aux objets qui sont hors de nous que celles qu’on rapporte aux diverses affections de notre corps, soient véritablement des passions au regard (348) de notre âme lorsqu’on prend ce mot en sa plus générale signification, toutefois on a coutume de le restreindre à signifier seulement celles qui se rapportent à l’âme même, et ce ne sont que ces dernières que j’ai entrepris ici d’expliquer sous le nom de passions de l’âme.


Art. 26. Que les imaginations qui ne dépendent que du mouvement fortuit des esprits, peuvent être d’aussi véritables passions que les perceptions qui dépendent des nerfs.

Il reste ici à remarquer que toutes les mêmes choses que l’âme aperçoit par l’entremise des nerfs lui peuvent aussi être représentées par le cours fortuit des esprits, sans qu’il y ait autre différence sinon que les impressions qui viennent dans le cerveau par les nerfs ont coutume d’être plus vives et plus expresses que celles que les