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Pour les superficies qui se forment de ce qu’un corps est divisé en deux autres, elles ne peuvent avoir d’autre cause que celle de cette division ; et généralement toutes les divisions sont causées par cela seul qu’une partie du corps qui se divise est portée à se mouvoir vers quelque côté, pendant que l’autre partie qui lui est jointe est retenue ou portée à se mouvoir vers un autre ; car il n’y a que cela qui puisse les séparer.

Ainsi les parties de la semence qui composoient au commencement le cœur étoient jointes à celles qui composoient le péricarde et les côtes, en sorte que le tout ne faisoit qu’un seul corps ; mais la dilatation dii sang dans les concavités du cœur a mû la matière qui environnoit ces concavités d’autre façon que celle qui en étoit un peu éloignée ; et au même temps les esprits animaux qui descendent du cerveau par l’épine du dos vers les côtes ont mû aussi d’autre façon la matière qui étoit vers les côtes ; au moyen de quoi celle qui étoit entre deux, ne pouvant ensemble obéir à ces deux divers mouvements, a commencé peu à peu à se déjoindre des côtes et du cœur, et ainsi a commencé à former le péricarde ; puis, à mesure que les parties de la semence qui le composoient se sont écoulées vers le cœur, les artères des divers lieux par où elles passoient ont envoyé de petits filets en leur place, lesquels se joignant les