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peut avoir ses parties arrangées et situées d’une certaine façon, qui ne sauroit être changée que cela ne les rende inutiles ; mais qu’il n’en est pas de même de celle des animaux, laquelle étant fort fluide et produite ordinairement par la conjonction des deux sexes, semble n’être qu’un mélange confus de deux liqueurs, qui, servant de levain l’une à l’autre, se réchauffent, en sorte que quelques unes de leurs particules acquérant la même agitation qu’a le feu se dilatent et pressent les autres, et par ce moyen les disposent peu à peu en la façon qui est requise pour former les membres.

Et ces deux liqueurs n’ont point besoin pour cela d’être fort diverses ; car comme on voit que la vieille pâte peut faire enfler la nouvelle, et que l’écume que jette la bière suffit pour servir de levain à d’autre bière, ainsi il est aisé à croire que les semences des deux sexes se mêlant ensemble servent de levain l’une à l’autre.

28. Comment le cœur commence à se former.

Or je crois que la première chose qui arrive en ce mélange de la semence, et qui fait que toutes les gouttes cessent d’être semblables, c’est que la chaleur s’y excite, et qu’y agissant en même façon que dans les vins nouveaux lorsqu’ils bouillent, ou dans le foin qu’on a renfermé avant qu’il fût sec, elle fait que quelques unes de ses particules s’assemblent vers quelque endroit de l’espace qui les contient, et que là, se dilatant, elles pressent les