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cette disposition des organes, puisqu’ils ne peuvent être excités sans elle, quelque volonté que nous en ayons, bien que ce soit l’âme qui les détermine.

5. Que bien que la mort fasse cesser ces fonctions, il ne s'ensuit pas pour cela qu'elles dépendent de l'âme.

Et encore que tous ces mouvements cessent dans le corps lorsqu’il meurt et que l’âme le quitte, on ne doit pas inférer de là que c’est elle qui les produit, mais seulement que c’est une même cause qui fait que le corps n’est plus propre à les produire, et qui fait aussi que l’âme s’absente de lui.

Il est vrai qu’on peut avoir de la difficulté à croire que la seule disposition des organes soit suffisante pour produire en nous tous les mouvements qui ne se déterminent point par notre pensée ; c’est pourquoi je tâcherai ici de le prouver, et d’expliquer tellement toute la machine de notre corps, que nous n’aurons pas plus de sujet de penser que c’est notre âme qui excite en lui les mouvements que nous n’expérimentons point être conduits par notre volonté, que nous en avons de juger qu’il y a une âme dans une horloge qui fait qu’elle montre les heures.

6. Qu'il ne sera pas besoin d'avoir beaucoup étudié l'anatomie pour entendre ce traité.

Il n’y a personne qui n’ait déjà quelque connoissance des diverses parties du corps humain, c’est- à-dire qui ne sache qu’il est composé d’un très grand nombre d'os, de muscles, de nerfs, de veines d’artères, et avec cela d’un cœur, d’un cerveau, d’un foie, d’un poumon, d’un estomac, et