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sont des espèces de pensées ; et que, puisque les autres fonctions que quelques uns lui attribuent , comme de mouvoir le cœur et les artères, de digérer les viandes dans l’estomac, et semblables, qui ne contiennent en elles aucune pensée, ne sont que des mouvements corporels, et qu’il est plus ordinaire qu’un corps soit mû par un autre corps que non pas qu’il soit mû par une âmè, nous avons moins de raison de les attribuer à elle qu’à lui.

4. Autre raison qui prouve la même chose.

Nous pouvons voir aussi que lorsque quelques parties de notre corps sont offensées, par exempie quand un nerf est piqué, cela fait qu’elles n’obéissent plus à notre volonté, ainsi qu’elles avoient de coutume, et même que souvent elles ont des mouvements de convulsion qui lui sont contraires ; ce qui montre que l’âme ne peut exciter aucun mouvement dans le corps, si ce n’est que tous les organes corporels qui sont requis à ce mouvement soient bien disposés ; mais que, tout au contraire, lorsque le corps a tous ses organes disposés à quelque mouvement, il n’a pas besoin de l’âme pour le produire, et que par conséquent tous les mouvements que nous n’expérimentons point dépendre de notre pensée, ne doivent pas être attribués à l’âme, mais à la seule disposition, des organes, et que même les mouvements qu’on nomme volontaires procèdent principalement de