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presque toujours disposés à leur faire plus de résistance de tous les autres côtés.

Mais, après avoir reconnu que les parties de la flamme se remuent en cette sorte, et qu’il suffit de concevoir ses mouvements pour comprendre comment elle a la puissance de consumer le bois et de brûler, examinons, je vous prie, si le même ne suffirait point aussi pour nous faire comprendre comment elle nous échauffe et comment elle nous éclaire : car, si cela se trouve, il ne sera pas nécessaire qu’il y ait en elle aucune autre qualité, et nous pourrons dire que c’est ce mouvement seul qui, selon les différents effets qu’il produit, s’appelle tantôt chaleur et tantôt lumière.

Or, pour ce qui est de la chaleur, le sentiment que nous en avons peut, ce me semble, être pris pour une espèce de douleur quand il est violent, et quelquefois pour une espèce de chatouillement quand il est modéré ; et comme nous avons déjà dit qu’il n’y a rien hors de notre pensée qui soit semblable aux idées que nous concevons du chatouillement et de la douleur, nous pouvons bien croire aussi qu’il n’y a rien qui soit semblable à celle que nous concevons de la chaleur, mais que tout ce qui peut remuer diversement les petites parties de nos mains, ou de quelque autre endroit de notre corps, peut exciter en nous ce sentiment : même plusieurs expé-