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remords.

Le remords de conscience est une espèce de tristesse qui vient du doute qu’on a qu’une chose qu’on fait ou qu’on a faite n’est pas bonne, et il présuppose nécessairement le doute. Car, si on était entièrement assuré que ce qu’on fait fût mauvais, on s’abstiendrait de le faire, d’autant que la volonté ne se porte qu’aux choses qui ont quelque apparence de bonté ; et si on était assuré que ce qu’on a déjà fait fût mauvais, on en aurait du repentir, non pas seulement du remords. Or, l’usage de cette passion est de faire qu’on examine si la chose dont on doute est bonne ou non, et d’empêcher qu’on ne la fasse une autre fois pendant qu’on n’est pas assuré qu’elle soit bonne. Mais, parce qu’elle présuppose le mal, le meilleur serait qu’on n’eût jamais sujet de la sentir ; et on la peut prévenir par les mêmes moyens par lesquels on se peut exempter de l’irrésolution.

Art. 178. De la moquerie.

La dérision ou moquerie est une espèce de joie mêlée de haine, qui vient de ce qu’on aperçoit