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pas. Et il est à remarquer que bien que ces deux passions soient contraires, on les peut néanmoins avoir toutes deux ensemble, à savoir, lorsqu’on se représente en même temps diverses raisons dont les unes font juger que l’accomplissement du désir est facile, les autres le font paraître difficile. (457)

Art. 166. De la sécurité et du désespoir.

Et jamais l’une de ces passions n’accompagne le désir qu’elle ne laisse quelque place à l’autre. Car, lorsque l’espérance est si forte qu’elle chasse entièrement la crainte, elle change de nature et se nomme sécurité ou assurance. Et, quand on est assuré que ce qu’on désire adviendra, bien qu’on continue à vouloir qu’il advienne, on cesse néanmoins d’être agité de la passion du désir, qui en faisait rechercher l’événement avec inquiétude. Tout de même, lorsque la crainte est si extrême qu’elle ôte tout lieu à l’espérance, elle se convertit en désespoir ; et ce désespoir, représentant la chose comme impossible, éteint entièrement le désir, lequel ne se porte qu’aux choses possibles.

Art. 167. De la jalousie.

La jalousie est une espèce de crainte qui se rapporte