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de ces vapeurs est tellement retardée par la froideur de leur naturel, qu’elles se convertissent aisément en larmes, encore qu’aucune tristesse n’ait précédé. Que si quelques vieillards pleurent aussi fort aisément de fâcherie, ce n’est pas tant le tempérament de leur corps que celui de leur esprit qui les y dispose. Et cela n’arrive qu’à ceux qui sont si faibles qu’ils se laissent entièrement surmonter par de petits sujets de douleur, de crainte ou de pitié. (427) Le même arrive aux enfants, lesquels ne pleurent guère de joie, mais bien plus de tristesse, même quand elle n’est point accompagnée d’amour. Car ils ont toujours assez de sang pour produire beaucoup de vapeurs ; le mouvement desquelles étant retardé par la tristesse, elles se convertissent en larmes.

Art. 134. Pourquoi quelques enfants pâlissent au lieu de pleurer.

Toutefois il y en a quelques-uns qui pâlissent au lieu de pleurer quand ils sont fâchés ; ce qui peut témoigner en eux un jugement et un courage extraordinaire, à savoir, lorsque cela vient de ce qu’ils considèrent la grandeur du mal et se préparent à une forte résistance, en même façon que ceux qui sont plus âgés. Mais c’est plus ordinairement une marque de mauvais naturel, à savoir