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considérables et les plus forts sont ceux qui naissent de l’agrément et de l’horreur.

Art. 89. Quel est le désir qui naît de l’horreur.

Or, encore que ce ne soit qu’un même désir qui tend à la recherche d’un bien et à la fuite du mal qui lui est contraire, ainsi qu’il a été dit, le désir qui naît de l’agrément ne laisse pas d’être fort différent de celui qui naît de l’horreur. Car cet agrément et cette horreur, qui véritablement sont contraires, ne sont pas le bien et le mal qui servent d’objets à ces désirs, mais seulement deux émotions de l’âme qui la disposent à rechercher deux choses fort différentes, à savoir : l’horreur est instituée de la nature pour représenter à l’âme une mort subite et inopinée, en sorte que, bien que ce ne soit quelquefois que l’attouchement d’un vermisseau, ou (395) le bruit d’une feuille tremblante, ou son ombre, qui fait avoir de l’horreur, on sent d’abord autant d’émotion que si un péril de mort très évident s’offrait aux sens, ce qui fait subitement naître l’agitation qui porte l’âme à employer toutes ses forces pour éviter un mal si présent ; et c’est cette espèce de désir qu’on appelle communément la fuite ou l’aversion.

Art. 90. Quel est celui qui