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sortes d’amour paraît principalement par leurs effets ; car, d’autant qu’en toutes on se considère comme joint et uni à la chose aimée, on est toujours prêt d’abandonner la moindre partie du tout qu’on compose avec elle pour conserver l’autre ; ce qui fait qu’en la simple affection l’on se préfère toujours à ce qu’on aime, et qu’au contraire en la dévotion l’on préfère tellement la chose aimée à soi-même qu’on ne craint pas de mourir pour la conserver De quoi on a vu souvent des exemples (391) en ceux qui se sont exposés à une mort certaine pour la défense de leur prince ou de leur ville, et même aussi quelquefois pour des personnes particulières auxquelles ils s étaient dévoués.

Art. 84. Qu’il n’y a pas tant d’espèces de haine que d’amour.

Au reste, encore que la haine soit directement opposée à l’amour, on ne la distingue pas toutefois en autant d’espèces, à cause qu’on ne remarque pas tant la différence qui est entre les maux desquels on est séparé de volonté qu’on fait celle qui est entre les biens auxquels on est joint.

Art. 85. De l’agrément et de l’horreur.

Et je ne trouve qu’une seule distinction considé