Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome II.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
OBJECTIONS ET RÉPONSES.

tout ce qui se passe ici-bas. Mais pouvez-vous pour cela assez sur vous-même que de croire que vous ne soyez point éveillé, et que toutes les choses qui sont et qui se passent devant vos yeux soient fausses et trompeuses ? Quoi que vous en disiez, il n’y aura personne qui se persuade que vous soyez pleinement persuadé qu’il n’y a rien de vrai de tout ce que vous avez jamais connu, et que les sens, ou le sommeil, ou Dieu, ou un mauvais génie, vous ont continuellement imposé. N’eût-ce pas été une chose plus digne de la candeur d’un philosophe et du zèle de la vérité de dire les choses simplement, de bonne foi, et comme elles sont, que non pas, comme on vous pourroit objecter, recourir à cette machine, forger ces illusions, rechercher ces détours et ces nouveautés ? Néanmoins, puisque vous l’avez ainsi trouvé bon, je ne contesterai pas davantage.

CONTRE LA SECONDE MÉDITATION.

DE LA NATURE DE L’ESPRIT HUMAIN ; ET QU’IL EST PLUS AISÉ DE LE CONNOÎTRE QUE LE CORPS.

Touchant la seconde, je vois que vous n’êtes pas encore hors de votre enchantement et illusion, et néanmoins qu’à travers de ces fantômes vous ne laissez pas d’apercevoir qu’au moins est-il vrai que vous, qui êtes ainsi charmé et enchanté, êtes