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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

Et il faut remarquer que ce n’est pas la seule figure extérieure des corps qui est sensible aux doigts et à la main qui doit être prise pour cette superficie, mais qu’il faut aussi considérer tous ces petits intervalles qui sont, par exemple, entre les petites parties de la farine dont le pain est composé, comme aussi entre les particules de l’eau-de-vie, de l’eau douce, du vinaigre, de la lie ou du tartre, du mélange desquelles le vin est composé, e| ainsi entre les petites parties des autres corps, et penser que toutes les petites superficies qui terminent ces intervalles font partie de la superficie de chaque corps. Car de vrai ces petites parties de tous les corps ayant diverses figures et grosseurs, et différents mouvements, jamais elles ne peuvent être si bien arrangées ni si justement jointes ensemble, qu’il ne reste plusieurs intervalles autour d’elles qui ne sont pas néanmoins vides, mais qui sont remplis d’air ou de quelque autre matière, comme il s’en voit dans le pain qui sont assez larges, et qui peuvent être remplis non seulement d’air, mais aussi d’eau, de vin ou de quelque autre liqueur ; et puisque le pain demeure toujours le même, encore que l’air ou telle autre matière qui est contenue dans ses pores soit changée, il est constant que ces choses n’appartiennent point à la substance du pain, et partant que sa superficie n’est pas celle qui par un petit circuit l’environne